De la réinvention d’un internationalisme dans l’espace du FSM
Mexico, 2 mai 2022
Par Orville Pletschette, membre du Collectif international de la jeunesse francophone au FSM 2022
Malgré les complications liées à l’organisation du FSM, le premier atelier auquel j’ai pu assister était très pertinent comme démarrage de cette participation collective aux rencontres de ce grand rendez-vous des réseaux altermondialistes qu’est le Forum social mondial. Du moins, c’est ce qui figure toujours dans ses objectifs, bien qu’il ait réduit de taille et d’importance sans la présence d’acteurs centraux comme les organisations syndicales ou la Via Campesina.
L’atelier en question était organisé par le CRID (Collectif d’associations de solidarité internationale), fondé en 1976 en France et qui réunit près de 46 organisations. Il portait sur le « renouvellement de la solidarité internationale et des formes de l’internationalisme face aux crises multiples ». Un thème qui invoque une résonance très particulière pour les milieux et réseaux altermondialistes rassemblés au FSM, car il nous force à regarder de près ce qui manque aujourd’hui à la solidarité internationale afin qu’elle puisse être suffisamment concrète.
Cet atelier a donc commencé avec un panel d’intervenant.es de grande qualité, entre des militantes « alliées » des droits des peuples autochtones, une réfugiée syrienne qui avait bien des enseignements à faire valoir de son expérience de la solidarité internationale de la gauche occidentale, et aussi des militants du Mali et du Burkina Faso évoquant avec brio la nécessité essentielle d’exercer une action internationaliste, sans tomber dans une forme de néo-colonialisme d’« assistanat blanc ».
Ensuite, nous nous sommes exercé.es à repenser cet internationalisme dont le FSM reste un espace opportun pour y réfléchir. Ainsi, on a souligné le besoin d’organiser davantage d’actions concrètes, et d’apprendre des pratiques et solutions du Sud, tout en prenant soin de ne pas hiérarchiser les luttes, mais de toujours les percevoir à travers leur intersectionnalité. L’altermondialisme de nos jours doit viser un soutien international qui puisse changer les rapports de force, notamment en mobilisant des ressources qui ne sont pas uniquement financières, afin de renverser l’ordre établi des arbitrages internationaux et géopolitiques qui vont rarement dans le sens des peuples, notamment ceux du Sud.
Le FSM en est un espace privilégié, mais il n’est pas et ne représente pas à lui seul le mouvement altermondialiste. Il est un outil formidable de rencontre et de mise en réseaux, mais qui mériterait d'être davantage institué et coordonné, notamment au-delà de ses réunions biennales avec par exemple un agenda commun d’actions à définir et programmer sur la durée. C’est aussi tout un travail de vigilance et de (dé)construction des phénomènes mondiaux qu’il nous faut mener, afin d’y apporter des réponses altermondialistes à travers de nouvelles actions et sur la base de nouveaux réseaux élargis.
Ainsi peut débuter ce travail de réinvention de l’internationalisme. En mettant également de l’avant des luttes pour davantage de libération des peuples, avec des approches plus tournées vers les victoires à atteindre et pas seulement avec une approche autodéfensive contre les oppressions subies. À ce sujet, les victoires et luttes internationalistes du passé peuvent être de belles sources d’inspiration. Il ne nous reste plus qu’à nous fixer des objectifs concrets et réalisables pour notre époque, avec les défis majeurs de notre temps.