Mexico, 3 mai 2022 - Les peuples et la guerre!

Seconde journée d’activités du FSM 2022 à Mexico - 3 mai 2022

Par Ronald Cameron, membre du Collectif international de la jeunesse francophone au FSM 2022

Le FSM 2022 a poursuivi sa deuxième journée d’ateliers ce mardi 3 mai à Mexico. Avec celle qui s’annonce demain, ces deux journées totalisent le plus grand nombre d’activités, soit 195 pour mardi et 234 pour mercredi. Le dernier décompte indique maintenant 769 activités inscrites pour l’ensemble de la programmation du Forum. Encore une fois, les trois axes définis par le groupe facilitateur du FSM qui se démarquent des sept autres continuent d’être (1) alternatives économiques du peuple, (2) défense du vivant, de l’environnement et des territoires, et (3) démocratie, participation politique, construction de la citoyenneté et de l’autonomie.

Cette deuxième journée fut importante pour le collectif jeunesse afin de comprendre et d’apprendre des luttes des peuples à travers le monde. La délégation marocaine a tenu une activité pour rendre compte de la situation du peuple sahraoui, confiné dans un territoire contrôlé et dominé par l’État marocain. Le groupe Palestine Social Forum a également tenu un atelier pour dénoncer l’approche colonialiste de l’État d’Israël en Palestine. La délégation marocaine et le groupe Alternatives s’étaient également associés avec la délégation palestinienne pour cet atelier. 

De plus, le groupe québécois Alternatives a tenu un atelier sur le travail informel des femmes au Honduras, un projet soutenu notamment par la Confédération des syndicats nationaux (CSN-Québec), avec un panel composé de responsables de la société civile hondurienne. Éric Toussain, un historien belge et porte-parole du réseau international du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM-Belgique) a également présenté son livre le plus récent sur la Banque mondiale, un ouvrage colossal qui montre comment la financiarisation imposée par cette institution internationale étouffe les peuples du Sud.

Ce fut un moment fort pour le collectif de jeunes francophones du Québec, de France et de Belgique pour en apprendre plus sur la réalité des conditions de vie de ces populations. Différentes autres activités ont également eu lieu sur la valorisation de l’économie sociale et solidaire, thème qu’on retrouvera demain avec la participation d’un membre du collectif comme panéliste.


Pour un Forum mondial antiguerre

Un panel d’importance intitulé Foro global contra la guerra — Global anti-war Forum a été organisé par le Transnational Institute (TNI) d’Amsterdam avec l’appui de nombreux réseaux internationaux, dont Global Dialogue for a Systemic Change, ATTAC-France, France Amérique Latine, Innovation for Change — South Asia Asian Cultural, Forum on Development (ACFOD), Alternatives, RÏSE et le Conseil international pour l’éducation des adultes. 

Défini dans une démarche de co-construction, cet atelier visait d’abord et avant tout à cartographier les différents types de guerres (guerre traditionnelle, guerre aux migrants-es, guerre au terrorisme, aux narcotrafiquants), dans une démarche de travail en sous-comité. Essentiellement composés d’Européens, les échanges en sous-groupe ont rapidement soulevé les enjeux concernant l’agression russe en Ukraine.

On notait que depuis environ vingt ans (depuis la création du FSM), une trentaine de guerres ont été menées sur la planète. Toutefois, celle en cours de la Russie en Ukraine a un impact sur la situation mondiale et bouscule les relations internationales. On rappelait que la mobilisation contre la guerre en Irak en 2003 avait été exemplaire. Si la guerre menée aujourd’hui par la Russie apparaît comme une guerre du passé, elle marque tout de même un contexte nouveau. Car l’opposition à la guerre en Irak participait plutôt d’un large refus de voir triompher un capitalisme mondialisé aux tendances impérialistes, dans le sillage des conséquences de la chute du mur de Berlin et des pays du bloc de l’Est. Nous sommes aujourd’hui dans une conjecture toute différente.


La guerre en Ukraine nous renvoie à un monde polarisé et augure du retour à des luttes inter-impérialistes plus violentes. On constatait d’ailleurs lors de cet atelier, d’une part, que l’appel à refuser la guerre laissait les populations ambivalentes devant la violence de l’agression russe et, d’autre part, que l’appel à la paix pouvait paraître peu crédible pour les populations.

C’est pourquoi il est apparu important d’engager une démarche d’éducation afin de dénoncer le caractère systémique de cette guerre qui renforce le monde que nous ne voulons pas, notamment dans le contexte de pandémie. Au lieu d’en appeler à contrer la guerre et à appeler à la paix, il s’agit plutôt d’identifier les impacts régressifs de cette guerre, si on souhaite développer un large mouvement antiguerre et convaincre la population de l’appuyer. 

Cinq conséquences perverses de cette guerre ont été identifiées : l’accroissement de l’autoritarisme (quand ce n’est pas le renforcement de la droite radicale) ; l’accroissement des budgets militaires en Occident au motif de la défense de la démocratie libérale ; le renforcement du recours au pétrole (à l’encontre de toute logique liée aux exigences visant à limiter les changements climatiques) ; l’accroissement du nombre de réfugiés.es et l’appauvrissement brutal des populations à des niveaux jamais connus depuis la Seconde Guerre mondiale ; le renforcement du racisme (notamment dans le traitement différencié des réfugiés.es en faveur de la population blanche ukrainienne, considérée comme nécessaire dans un continent en crise démographique).

En conclusion, développer un mouvement antiguerre exige de promouvoir une vision du monde radicalement éloignée de celle que nous offre la guerre en Ukraine. Elle rend d’autant plus urgente une action politique internationaliste, d’une part, et aussi un vaste soutien à la population ukrainienne qui en souffre.

Consultez ici les contributions des différents membres du Collectif jeunesse en cette deuxième journée de forum :

Axe thématique :

Art et culture pour la vie :

Deborah Nkelende : https://bit.ly/3P9flwb 

Raphaël Savaria : https://bit.ly/3wnAmdZ 

Alternatives économiques du peuple : 

Agathe Plez et Éliane Boucher : https://bit.ly/3sauyms


Communication, confrontation des nouveaux récits et souveraineté numérique

Sandrine Hélie et Mathilde Graas : https://bit.ly/3LJ1ieA 

Amina Mezdour : https://bit.ly/3FhIDUs 

Défense du vivant, de l’environnement et des territoires

Mathilde Graas : https://bit.ly/3w0H0Xm 

Luttes contre le patriarcat et hétéronormatif : clés des femmes, du féminisme et de la dissidence

Sarah Dubuc et Victor Beaulieu-Latendresse : https://bit.ly/3yazsDR 

Higino Monteiro : https://bit.ly/3sbTLgE

Peuples originaires, indigènes, ancestraux, noirs, d'ascendance africaine, diaspora, autodétermination des peuples, lutte contre le racisme et la discrimination.

Lea Ferrandi : https://bit.ly/3vIalXn 

Lea Ferrandi et Sanah Gharbi: https://bit.ly/3y9Dmgp 

Rhita Harim et Orville Pletschette : https://bit.ly/3yesiOZ 

Guest User