La contribution des savoirs autochtones au développement durable

Par Denis Linckens, membre du Collectif international de la jeunesse francophone au FSM 2022

Mexico, 2 mai 2022

Aujourd’hui, les connaissances produites dans les universités et les centres de recherches sont considérées comme les seules fondées pour connaître et comprendre le monde. En effet, la doctrine rationaliste pose la connaissance discursive comme seule source valide de connaissance du monde et rejette les autres modes de production de connaissance. Pourtant, aux quatres coins du monde, des peuples ont développé des savoirs sur le monde de façon différente. Pourquoi la connaissance discursive devrait être plus valide que la connaissance intuitive ou d’autres types de connaissances?

À l’heure du réchauffement climatique et d’une perte importante de la biodiversité, des voix se font entendre pour prendre en compte les savoirs autochtones dans l’étude du monde et dans l’intégration de ces savoirs dans la réponse à donner aux problématiques environnementales. Il est intéressant de constater que les territoires des peuples autochtones concentrent 80% de la biodiversité mondiale. De plus, les peuples autochtones représentent entre 4% et 6% de la population mondiale, mais ils hébergent 90% de la diversité culturelle de notre planète. Il est également troublant de s’apercevoir que ces peuples ne partagent pas l’ontologie naturaliste des sociétés occidentales. Cependant, derrière les chiffres avancés ci-dessus, il nous semble important ici de ne pas tomber dans le piège d’un romantisme et d’un imaginaire qui s’est construit au fil de l’histoire à savoir : « le sauvage » vivant en parfaite harmonie avec la nature et son environnement. Prenons l’exemple du passage de la transe chamanique pratiquée par de nombreux peuples à travers le monde à la transe cognitive étudiée, portée et initiée aujourd’hui par Corine Sombrun en Europe. Elle a participé à plusieurs études démontrant que l’état de transe est non seulement un potentiel de tout cerveau humain, mais qu’il est également possible de l’induire par la seule volonté. Pourquoi faut-il que des pratiques et des capacités de l’être humain, exercées depuis des millénaires par de nombreux peuples, passent par la moulinette de la connaissance discursive pour pouvoir être prises au sérieux ? Les savoirs autochtones ont beaucoup à apporter à l’Humanité, il serait grand temps de les considérer comme valides et pertinents dans l’étude du monde.  


1. Gutwirth S., « Culture contre nature » in Novella S. (sous la direction de), édition Kindle.
2. Servigne, Pablo, Raphaël Stevens, et Gauthier Chapelle. Une autre fin du monde est possible. Média Diffusion, 2018,  pp. 141-143.

Guest User